Plan de sauvetage pour un patrimoine albigeois de deux siècles
La Ville d'Albi a fait restaurer les plans d'alignement des rues datant de 1815 qui étaient conservés jusqu'alors aux archives municipales. Un travail ambitieux qui visait à préserver un patrimoine rare et très fragile.
En septembre 2023, c'est dans la salle des États albigeois de l'Hôtel de Ville que les imposants plans d'alignement Berbigié de 1815 avaient été présentés avant d'être envoyés à Bordeaux pour restauration. Ces plans très détaillés à l'échelle 1 cm pour 1 m avaient en effet subi les affres du temps. Une partie avait disparu et les éléments encore existants étaient assez endommagés. Des déchirures voire des lacunes étaient visibles. De nombreux adhésifs témoignaient aussi des tentatives de réparation maladroites menées au XXe siècle.
"On peut déjà se réjouir que ces plans d'un intérêt patrimonial évident aient été gardés." souligne Laurence Plas, conseillère municipale déléguée aux archives.
Un plan réalisé pendant plus de 10 ans
Les délibérations du conseil municipal du début du XIXe siècle permettent d'en apprendre un peu plus sur l'origine de ces plans commandés par la Ville d'Albi à l'architecte de la ville Jean-Baptiste Berbigié. Ces plans, complémentaires au plan général, devaient servir à établir un projet d'alignement, de redressement, d'élargissement et d’embellissement des rues du centre-ville, chantier d'envergure qui sera engagé dans les années suivantes par le célèbre Jean-François Mariès. Le plan général, dont disposait la Ville à cette époque, était celui de l'ingénieur Laroche de 1778. Cet ambitieux travail de levée du plan connut bien des retards et ce n'est que dans les années 1820 que la Ville réussit enfin à obtenir lesdits plans tant attendus. Deux siècles plus tard, ils ont été confiés aux mains expertes des restaurateurs.
Des restaurateurs spécialisés pour les grands formats
Établi en région bordelaise, l’Atelier du Patrimoine est l’un des plus anciens ateliers français spécialisés dans la mise en valeur des fonds documentaires, notamment des pièces d’archives des collectivités locales. Il a donc l'habitude de traiter des plans d’architecture, cadastres et gravures, quelles que soient les dimensions. Le cas des plans d’alignement « Berbigié » présentait des problèmes techniques assez courants sur ce type de document.
"La surface des plans était constituée de nombreux panneaux de papier assemblés par collage. Elle présentait des tracés et pigments instables et d’anciennes interventions qui ont été retirées mais dont les stigmates restent visibles." explique l’Atelier du Patrimoine.
Une opération délicate
L’intervention a consisté en premier lieu à « démonter » les différents panneaux en retirant les ajouts de matière utilisés au fil du temps pour consolider les plans. Il a fallu ensuite assurer leur nettoyage, par gommage et brossage puis tamponnement, tout en préservant les tracés souvent fragiles. Dans un deuxième temps, les restaurateurs ont assuré un renforcement des zones fragilisées ou lacunaires avec l’apport de divers papiers japonais.
"À l’issue de cette restauration, les plans vont être numérisés afin de pouvoir être consultables facilement. Ces plans sont une source d'information précieuse sur Albi au début du XIXe siècle." note Laurence Plas.
