Les archives de l'expédition d'Entrecasteaux inscrites au Registre Mémoire du monde
Les archives de l’expédition d’Entrecasteaux, menée en 1791 pour retrouver des survivants des navires commandés par Lapérouse, ont été inscrites cette année au registre « Mémoire du monde » de l’Unesco, à l’instar de la Mappa mundi d’Albi.
Le 26 janvier 1788, la Boussole et l’Astrolabe, les deux frégates de l’expédition Lapérouse, parties de France le 1er août 1785, mouillent à Botany Bay, en Australie. Ce sera leur ultime escale connue. Les deux navires repartent en mars puis ne donnent plus signe de vie.
En 1791, l’Assemblée et Louis XVI montent une expédition de secours. Le 28 septembre, deux vaisseaux, L’Espérance et La Recherche, partent de Brest, placés sous le commandement du contre-amiral Bruny d’Entrecasteaux et Huon de Kermadec.
Leur mission : suivre la route tracée par Lapérouse, rechercher d’éventuels survivants et étudier les régions traversées.
En savoir plus sur l'expédition
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Le voyage dure deux années sans trouver la moindre trace de Lapérouse et de son équipage bien qu'ils soient passés au large de Vanikoro, l’île du naufrage, baptisée « Île de la Recherche ».
Au cours du voyage, les officiers et savants embarqués à bord des navires de l’expédition vont ainsi effectuer de nombreuses observations astronomiques, géographiques, hydrographiques, botaniques et ethnographiques concernant les îles et territoires qu’ils abordent. Cette expédition témoigne notamment des premières rencontres entre les Français et les peuples autochtones de Tasmanie (sud-est de l’Australie).
Les journaux de bord renferment notamment les récits de ces échanges ainsi que les vocabulaires franco-palawa. Le voyage tourne court en octobre 1793. D’Entrecasteaux est mort en mer le 27 juillet 1793 et l’expédition, décimée par les maladies et le manque de vivres, prend fin aux Indes néerlandaises (Indonésie actuellement), où es bateaux et leurs cargaisons sont confisqués par les Hollandais.
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Près de 30 000 pages, comprenant des correspondances, des journaux de bord, des dessins, des plans, des cartes et des relevés des côtes, sont saisies, en 1795, par la marine britannique. Restituées à la France en 1802, après le traité d’Amiens, elles constituent aujourd’hui un ensemble exceptionnel conservé aux Archives nationales, au Muséum national d’histoire naturelle et au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac.
Depuis quelques années, l’ensemble du fonds que les Archives nationales conservent (27 000 pages environ) a été mis en ligne. Les institutions détentrices des archives se sont associées en novembre 2023 pour présenter leur candidature à l’inscription au registre Mémoire du monde.
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Les archives de l’expédition d'Entrecasteaux illustrent l'influence des idéaux des Lumières sur les méthodes et les pratiques des marins et des scientifiques du XVIIIe siècle.
« Ces archives n’avaient jamais réellement été étudiées; le travail a été de fait considérable, compte tenu de l’ampleur des fonds. J’ai pu constater combien les recherches menées par les scientifiques de l’époque étaient de très grande qualité. Elles révélaient également la vie quotidienne des marins et leur perception, à distance, de ce qui se passait en France à ce moment-là. » Hélène Richard, membre du conseil scientifique Lapérouse et passionnée par l’histoire maritime, a consacré dans les années 70 sa thèse à d'Entrecasteaux.