Albi innove pour la biodiversité
Face au changement climatique, la Ville d'Albi mène depuis plusieurs années des actions pour préserver l'environnement et favoriser la biodiversité. Pour y parvenir, elle investit en moyens humains et matériels, s'appuie sur des partenariats et lance des projets innovants vers le grand public. Quatre exemples récents en témoignent.

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Tous les arbres urbains de la ville sont répertoriés et géolocalisés, permettant aux agents de noter toutes les interventions réalisées et de suivre leur état physiologique.
Au total, 13 000 arbres sont présents sur le domaine public, dans les parcs et jardins, mais aussi le long de la voirie.
Ils constituent un patrimoine arboré riche mais fragile qui fait l’objet d’un suivi en régie grâce à une équipe de six agents qualifiés. Élagueurs grimpeurs, ils assurent un travail toute l’année pour entretenir les arbres que le dérèglement climatique et les sécheresses n’ont pas épargnés. Comme un être humain peut être fragilisé par un choc émotionnel et tomber malade, certains arbres ont vu leur état de santé se dégrader. Le cèdre du jardin d’Aragon ou encore le marronnier devant l’église de La Madeleine sont deux exemples représentatifs. Atteints par un stress hydrique, ils ont été attaqués par des agents pathogènes (champignons) auxquels ils n’ont pas pu résister.
Priorité à la sécurité
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À la demande de la Ville d’Albi, la LPO a réalisé cette année un diagnostic écologique du Parc de la Viscose en vue de son inscription en tant que refuge LPO. Le rapport présente un beau panorama de la biodiversité du site. Une occasion de le redécouvrir avec un autre regard.
Après plusieurs visites de terrain, la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) a rendu son rapport consacré au parc de la Viscose qui représente aujourd’hui près de trois hectares, au coeur d’un corridor écologique très intéressant à l’échelle de la ville. Le rapport décrit les différents milieux présents, dresse une première liste des espèces animales identifiées et formule des préconisations de conservation et d’aménagements. « De par son usage et sa configuration, ce site peut devenir un vrai lieu de sensibilisation pour les usagers et une vitrine des bonnes pratiques de gestion », peut-on lire dans le document établi par l’association. La présence de la ripisylve (zone boisée et herbacée sur les rives d'un cours d'eau) du ruisseau de Cunac, de la pelouse maintenue en gestion différenciée et des boisements au nord-est sont notamment favorables au maintien d'une faune et d'une flore diversifiées.
Une trentaine d'espèces d'oiseaux
Les inventaires réalisés ont principalement concerné les oiseaux car ce sont de bons indicateurs des écosystèmes et de la diversité des habitats. Au total, 37 espèces d’oiseaux ont été identifiées dont sept présentent un statut de protection défavorable, soulignant la responsabilité du parc de la Viscose dans leur conservation. Parmi eux, le Chardonneret élégant, le Serin cini et le Verdier d’Europe. Entre 2001 et 2018, ces trois oiseaux ont vu leurs effectifs nationaux chuter de respectivement 35 %, 41 % et 51 %. Les insectes ont aussi été inventoriés et notamment les papillons de jour qui témoignent de la diversité de la flore locale. Des troncs d’arbres morts laissés au sol à plusieurs endroits du site abritent notamment une quantité importante d’insectes qui peuvent y pondre et trouver de quoi se nourrir.
Une herbe haute idéale pour la biodiversité
La LPO a souligné que le site était exploité en gestion différenciée avec la présence de cheminements tondus.
"En maintenant des espaces d’herbes hautes et notamment le long des haies, cela participe à l’efficacité des corridors écologiques. Avec les étés secs et chauds, la végétation préserve la vie du sol et réduit l’effet "îlot de chaleur"." justifie Bruno Lailheugue, adjoint au maire délégué à la biodiversité.
Cette pratique a permis de constater notamment fin juillet la présence de fleurs intéressantes : Lotier corniculé, Carotte sauvage, centaurée et différentes Crépides. « En permettant à la flore spontanée de s’exprimer, cela favorise la présence des insectes qui assurent leurs rôles de pollinisateurs et de ressources alimentaires pour les oiseaux », signale la LPO.
Bon point également pour les équipes d’entretien du service Patrimoine végétal et environnement qui privilégient la régénération naturelle des arbres en laissant pousser les jeunes pousses, notamment des chênes. « Les arbres plantés il y a quelques années ont été par ailleurs disposés de manière assez dense, ce qui favorise leur développement, notamment grâce aux échanges des réseaux racinaires et au maintien de l’humidité au niveau du sol », complète le rapport.
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Avec l'aide de chiroptérologues, la Ville d'Albi mène des actions pour favoriser la présence des chauves-souris en ville et faire de ces prédateurs de moustiques un précieux allié.
Afin de pouvoir quantifier à moyen terme l'impact de la mise en place de nichoirs pour chiroptères (chauves-souris), un travail de prospection a été engagé avec des étudiants de l'Institut universitaire Champollion en partenariat avec Chiroptérokoi, une jeune association albigeoise composée de chiroptérologues dont la mission est la sensibilisation du public sur les chauves-souris. À travers un chantier participatif organisé fin 2023, les étudiants sont partis sur le terrain avec des outils de détection acoustique achetés ou construits en kit avec l’aide des membres de l’association.
"Ces enregistreurs à ultrasons permettent de déterminer la présence et la nature des espèces de chauves-souris sur un secteur donné." explique Bruno Lailheugue, adjoint au maire délégué à la biodiversité.
Les données collectées dans le cadre du programme Vigie Chiro ont été intégrées à la base de données du Muséum national d’histoire naturelle. Les premiers bilans révèlent qu'une vingtaine d'espèces de chauves-souris ont été recensées à Albi (sur 36 espèces en France).
"Certaines nichent à Albi, d'autres ne font que passer lors de leur migration." complète Ilyan Lamaison, chiroptérologue.
En parallèle, la Ville d’Albi a commandé au bureau d’études Terroiko une étude de modélisation en vue d’évaluer l’impact des gîtes à chauves-souris et oiseaux dans le cadre de la prévention contre les moustiques. L'outil a été employé pour modéliser les apports potentiels de la présence de martinets, hirondelles et chauves-souris dans le secteur de Rayssac, ce qui avait déjà été fait au Castelviel il y a quelques années. Le travail réalisé dans le cadre de cette étude devrait permettre de réfléchir à la mise en place d’actions après avoir testé par simulation l’impact de nouveaux gîtes, nids, haies, surfaces herbeuses ou arbres en ville sur la pression exercée par les prédateurs naturels des moustiques.
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Depuis un an, les lycées albigeois proposent à leurs élèves d’être de véritables explorateurs de la biodiversité de proximité afin de mieux la préserver.
Aires terrestres éducatives ou ATE. L’expression correspond désormais à une réalité à Albi depuis un an. Elles reposent sur la gestion participative d’élèves et de leur enseignant d’un espace naturel avec pour but de les sensibiliser à la protection du territoire grâce à un projet pédagogique et écocitoyen.
"Une ATE est généralement une zone terrestre de petite taille (parc urbain, friche, zone humide, forêt, rivière, etc.) qui devient le support d’un projet pédagogique." explique Bruno Lailheugue, adjoint au maire délégué à la biodiversité.
Le développement des refuges LPO – la Ville d’Albi en a créé sept -, la mise en oeuvre d’un Atlas de la biodiversité et les actions qui en découlent pour préserver l’environnement ont donné lieu ces dernières années à une mobilisation de nombreux partenaires. Les lycées d'Albi en font désormais partie.
Plusieurs centaines de lycéens concernés chaque année
Depuis 2023, les trois lycées albigeois (Lapérouse, Rascol et Bellevue), auxquels s’est rajouté à la rentrée le lycée Fonlabour, sont engagés dans les Aires terrestres éducatives avec la collaboration de la Ville d’Albi.
"Nous avons travaillé avec des classes de seconde sur le bois de Jarlard, le Val de Caussels et la Mouline qui présentent plusieurs écosystèmes. L’objectif était de placer les élèves en situation d’acteurs de la recherche sur le terrain en les faisant participer à des inventaires et suivis naturalistes en partenariat avec des acteurs comme un hydrobiologiste de l’INU Champollion. On peut réellement parler de science participative. Les élèves peuvent être botanistes, hydrologues, hydrogéologues, zoologistes ou cartographes." indique Bruno Mercat, professeur de SVT au lycée Bellevue, membre du conseil territorial de la LPO Occitanie et coordinateur éducation au développement durable au sein de son établissement.
L’utilisation d’applications (Plantnet, Merlin…) et de logiciels de traitement de données permet de fournir de précieuses informations.
De nouvelles missions de terrain
Cet automne 2024, de nouveaux élèves ont pris le relais pour travailler sur des suivis d’inventaires, des études de la qualité de l’eau, sur les plantes invasives ou encore l’évolution des différents écosystèmes.
"Nous continuerons de travailler avec le référent biodiversité de la Ville d’Albi et d’autres partenaires comme la LPO. Le Conseil local de la biodiversité sera également représenté par des professeurs et des lycéens qui pourront ainsi contribuer à l’échange d’expériences et proposer des idées. Au niveau des établissements scolaires, nous voudrions aussi élargir la démarche à des professeurs d’histoire-géo et de philosophie. À moyen terme, une aire fluviale éducative aurait son intérêt avec la rivière Tarn riche en biodiversité. Il est essentiel d’impliquer les élèves sur leur territoire afin qu’ils deviennent demain des acteurs de la biodiversité." souligne Bruno Mercat.